Lia Leveillé
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Novelmuttum XVII

9/8/2023

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Le sentiment qui remonte quand vous repensez à un moment gênant.

De toutes les sensations qui vous remontent l’échine de temps à autre, il en est une qui, plus que les autres, surgit sans prévenir. Elle fonctionne comme un rappel. Grinçant, le rappel.
Mais si, vous savez. Vous savez forcément. Souvenez-vous, de ce truc que vous avez fait ou dit et qu’il ne fallait justement pas faire, ou dire. Ce truc qui vous est arrivé devant TOUT LE MONDE. Souvenez-vous ce que le rappel de ce moment vous inflige au corps. À l’échine. (On me dit dans l’oreillette que pour certain·es, c’est la glotte, le ventre, le torse ou la peau qui sont touchés. Ou tout en même temps.)
Chez certaines personnes, ces « souvenirs autobiographiques involontaires » (oui, je suis allée sur internet) ne perturbent que rarement leur quotidien. Chez d’autres, ils débarquent plusieurs fois par jour.

Il y a plusieurs phénomènes qui entrent en jeu ici. Selon le Dr David John Hallford, psychologue et maître de conférences à l’Université Deakin à Melbourne, les souvenirs négatifs portent une charge émotionnelle plus forte que les souvenirs positifs. (Ouf, je suis normale). Par ailleurs, il existe une notion appelée « effet de projecteur » et théorisée par les professeurs en psychologie Thomas Gilovitch et Kenneth Savitsky qui consiste à penser – à tort – que toute l’attention est portée sur nous.

C’est drôle, parce que c’est à la fois égocentrique et auto-dévalorisant.

Ben oui, croire qu’on est au centre de l’attention justement au moment où on est à notre désavantage, c’est limite masochiste.
Avant d’avoir cherché des informations sur ce sentiment, ma référence en la matière était moins docte : « Le journal intime de Georgia Nicolson » bonheur de littérature adolescente écrit par Louise Rennison, que j’ai lu je pense vers douze ans. N’empêche, je m’en souviens toujours. Tout commence justement avec un moment gênant. Au tout début du premier tome, Georgia cite un article de Cosmo où il est conseillé, pour guérir ses émotions, de se remémorer le moment, de le revivre pour enfin cicatriser. À l’époque, et c’est peut-être pour ça que ce passage m’est resté en tête, je trouvais la méthode contre-productive. Moi, je ne faisais que revivre et m’auto-flageller, c’était mon fonctionnement. Aujourd’hui, je vois ça différemment, parce qu’en fait, la chère Georgia enrobe le tout avec tellement d’auto-dérision que celle-ci devient le vrai moyen de guérison. Et pourtant, je ne me suis jamais rendue à une soirée costumée déguisée en olive fourrée.

Ainsi, aujourd’hui le moyen que j’ai pour m’en sortir – qui ne marche pas, d’ailleurs, mais qui apaise un peu – c’est d’en rire. Et d’essayer de me convaincre que ce souvenir n’en est pas un pour les autres. De prendre conscience de l’effet de projecteur. Et si d’autres s’en souviennent, alors rapidement crever l’abcès et montrer qu’on peut en rire ou, dans le cas contraire, verbaliser qu’on ne veut plus en parler.

Avant de laisser place aux nouveaux mots, j’aimerais quand même conclure avec ces sages paroles d’Eleanor Roosevelt qui était loin de n’être que la nièce ou la femme de.
“Vous ne vous soucieriez pas autant de ce que les autres pensent de vous, si vous saviez à quel point il est rare qu’ils le fassent.”

Vratatata (n. f.)
  • Quand l'ai croisé, je fus parcourue d'une vratatata parce que je me souvins que la fois précédente, je l'avais confondu avec quelqu'un d'autre. Il apaisa la vratatata en me rappelant que nous en avions déjà ri ensemble.

Sentinant (n. m.)
  • Lorsque le Docteur me demanda comment j’avais attrapé ces boutons, un sentinant me fit monter le rouge aux joues !

Remhonte (n. f.)
  • Capitonnée dans ma chambre, je savais qu’il me faudrait un jour quitter le lit et retrouver la vraie vie. Mais à la simple évocation de mes excentricités de la veille, j’étais pétrifiée de remhonte.

Mnémal (n. f.) 
  • J'ai passé un entretien d'embauche vendredi dernier. Au milieu de l'échange, je lui lâche que je suis fan d'os à ronger. Comme ça. Repenser à ce moment face au recruteur provoque toujours des élans de mnémal qui me resteront certainement à vie en travers de la gorge.

Rougenir (verbe)
  • Les portes du bus se sont ouvertes et Bruno est monté, m'a vue et m'a saluée de la main. J'ai timidement agité les doigts et rougenis intensément. Quelles choses je lui avais dites quand il m'avait posé son bouquet de roses sur mon pupitre à la Saint-Valentin!

L'an nuit (expression)
  • Le 8 septembre
    Dans ma chambre
    Chaque année
    Me rappeler
    À midi trente
    Et ça me hante
    Ne plus souffrir
    De ce souvenir
    Mais chaque année
    Calendrier
    Septembre, le huit
    Me vient l’an nuit.
(Poète anonyme)

Gloupsil (n. m.)
  • Quand un gloupsil me remonte à la gorge, je ne peux m'empêcher de me dire "non non non" à voix haute, comme, par exemple, quand je passe devant ce perron sur lequel je me suis lamentablement vautrée devant tous mes élèves.

Gênancholie (n. f.)
  • Autant, le souvenir de celle que j'étais à 17 ans me fait un peu grincer des dents, autant j'ai un brin de tendresse pour cette période qui provoque chez moi une véritable gênancholie.

Shamember (n. m.)
  • A l'apéro, en évoquant les souvenirs du collège, j'ai failli partager ce shamember. Et puis, j'ai bu une gorgée de bière et me suis dit que finalement... nan. Et c'était mieux comme ça.

Glottary (n. f.)
  • Pour la troisième fois ce mois-ci, j'ai croisé Yanna avec son mec, Mathias. Je me suis excusée de ne pas l'avoir reconnu tout de suite et lui ai demandé s'il avait changé de coupe de cheveux, ou s'était rasé la barbe... Je ne compris pas tout de suite pourquoi Yanna me lançait des regards d'alerte. Elle finit par me dire avec un calme crispé : "Vous ne vous êtes jamais rencontrés". Elle avait changé de mec. C'était le même mois mais pas le même Mathias. Maintenant, dès que j'entends ce prénom je subis une glottary qui m'empêche de parler pendant quelques secondes.

Chatchitchutte (n. f.)
  • Quand je parle avec Samia, il y a toujours un moment de chatchitchutte où je me demande si elle se souvient aussi bien que moi de la fois où, au collège, en fin de journée, elle m'avait fait remarquer que j'avais une traînée de mayonnaise sur l'arrière de ma cuisse gauche. J'avais sûrement passé toute l'après-midi à promener cette trace dans tout le collège, d'un cours à l'autre. Je n'ai jamais osé lui demander si elle l'avait remarquée depuis longtemps avant de me le dire...


Merci infiniment à Jean-Jacques Crettaz, Marie-Sophie Péclard, Maï Beti Hitomi, Djeemee Gurtner, Nicolas Barone et Marie Yon d'avoir partagé leurs idées!




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