Lia Leveillé
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Novelmuttum XIV

7/14/2021

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Sentiment de plénitude qui s'installe à la fin d’une journée où vous considérez avoir fait ce qu’il fallait.


Tous les jours, je bosse pour pouvoir avoir du repos demain. Mais des deux, le seul qui survient implacablement, c’est demain. De repos, point. On raconte qu’il existe un « après » un peu mystique, un peu magique, un peu légendaire – tant son existence me semble irréelle – où se trouve tout un tas de promesses : le repos, le farniente, la sérénité, l’apaisement du soi (du moi ?)

Pourtant, il arrive, oui, c’est vrai, il arrive qu’à la fin d’une journée particulièrement chargée j’atteigne ce calme de l’esprit où la main de fer qui me gouverne se détend un peu et me dit : « C’est bien. Tu as bien travaillé. »

Et je me demande à quoi tient cette bienveillance de la moi de fer envers la moi de chair. Si elle n’est pas toujours liée à la difficulté des tâches accomplies, elle est toujours accompagnée d’un grand épuisement. Dans un effort de rendre ma vie un peu plus douce et comme je sais que je suis à la fois la cause et la victime des névroses dont je me suis affublée, j’essaie de trouver les clés qui résoudraient certains des pires réflexes que je m’impose.

Alors, je cherche à comprendre si c’est l’épuisement du corps qui m’autorise le relâchement de fin de journée ou si c’est l’importance que je donne aux choses que je fais. Ou peut-être est-ce lié au degré de procrastination de la tâche finalement accomplie ? De la victoire sur le Novelmuttum XIII ? (« Obstacle qui ruine la motivation à finaliser une tâche repoussée depuis longtemps et pourtant déjà bien avancée. »)

Comme rien n’est simple et que je suis balance, je réponds pour l’instant avec mon évitement habituel : « un peu de tout ça ».

S’ensuit le « pourquoi » de circonstance lorsqu’on pense en soi-même. Pourquoi ne pas, juste, être contente ? Pourquoi faut-il toujours mériter quelque chose ? Et le « d’où cela m’est-il venu ?» cherche les responsables. La société méritocratique ? Mon peu d’indulgence envers moi-même ? Une éducation du « L’utile d’abord, l’agréable ensuite » ?

Quoi qu’il en soit, je crois qu’il est important de savoir se lâcher un peu la grappe et de se laisser aller, en fin de journée à être simplement content ou contente de ce que l’on a fait. Même si ce que l’on a fait était d’apparence dérisoire ou sans enjeu.

Peut-être serait-il plus sain d’apprendre à se dire simplement : je suis là. C’est la fin du jour. Je l’ai vécu. C’est bien.

Facile. Alors pourquoi je n’arrive pas à me fiche la paix en fin de journée à moins de sentir dans mon corps la lassitude la plus extrême ?

C’est à la recherche de ce moment de suspension apaisant que j’ai pensé à la définition du Novelmuttum XIV, proposant de trouver un mot qui définirait ce moment où on est simplement et modestement content·e de nous-mêmes.

Il y a eu beaucoup de propositions, dont une expression et un contraire. Au fil des Novelmuttum, les idées deviennent de plus de plus diverses et inspirantes ! Ici, la sonorité des mots « satisfaction », « plénitude » et « satiété » rencontrent « épuisement » et « fatigue ». Dans les exemples, vous retrouverez régulièrement le canapé comme figure essentielle à l’affalement de fin de journée.

Et n'oublions pas que quelle que soit la finesse de la définition, il y a forcément déjà un mot en japonais pour l'exprimer.

Sentiment de plénitude qui s'installe à la fin d’une journée où vous considérez avoir fait ce qu’il fallait.


Exalcompli·e (adj.)
  • J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai réussi à passer, comme une grande, ce coup de fil à la caisse de chômage. C’était si intense pour moi qu’immédiatement après, je me suis affalée sur le canapé, un sourire aux lèvres. A ce moment-là j’avais l’impression d’être une femme exalcomplie !

Fatisfaction (n. f.)
  • Ve fuis très fatisfaite, la vournée était fuper fatigante mais auffi pleine de fatisfaction!

Épanoupuisement (n. m.)
var. : Épuinouissement (n. m.)
  • Pierrick soupirait d'épanoupuisement, tandis qu'Albéric tombait d'épuinouissement. Tous deux avaient enfin réussi à élaguer le platane de la cour. Les yeux mi-clos, ils se souriaient, affalés dans leurs fauteuils respectifs.

Foulfilé·e (adj.)
  • Les enfants étaient au lit. Flottait, dans le salon, la douce odeur du linge fraîchement repassé. La journée avait été bonne. Je me suis installé dans le canapé, foulfilé, et me suis servi un verre de cognac.

Compensumblé·e (adj.)
  • Les vacances arrivant, j'ai décidé malgré moi d'arrêter de procrastiner et de finaliser tous mes projets en cours depuis bien trop longtemps. Les corvées et obligations faites je me suis sentie si compensumblée !

Akèneguetnosatifaction (n. f.) – Contraire
  • Je le sais depuis toujours, mon appétit de vivre me joue des tours. Et bien qu'affublée d'un embonpoint abdominal considérable, je ne suis pas en reste question mirettes, façon #grosyeux.
    Ma listo-névrose atteignant le point de morbidité, le "tout doux" demeure "to do". Ainsi, le mot commandé par ce Novelmuttum n'existe malheureusement que de mes rêves.
    Je suis à jamais victime de son contraire : l'akèneguetnosatifaction

Pizzaquatrefromager (verbe)
  • Ça faisait 6 mois que je n'avais pas donné cours, mais là, c'était le grand jour de la reprise.
    J'ai ressorti mes bouquins, mes notes, j'ai préparé mes cours plus qu'il n'en fallait. Les deux sessions étaient géniales, je me suis éclaté mais je n'avais plus l'habitude.
    À peine rentré, avec un joyeux laisser-aller, je me suis pizzaquatrefromagé sur le divan. 

Plénicocher (verbe)
Plénicochage (n. m.)
  • J'avais plenicoché tous les items de ma liste. Les pieds en croix sur ma table basse je savourai ce moment de petite victoire sur le quotidien que seul le plénicochage sait susciter.

Satisfiété (n. f.)
  • C'était encore une autre journée dont il pouvait être fier. Un verre de rouge à la main et l'âme remplie de satisfiété, il s'installa confortablement dans son canapé.

Filfullitude (n. f.)
  • Je n’aurais rien pu faire de plus aujourd’hui. Par acquis de conscience, je repassais dans ma tête le cours de la journée écoulée et plus elle s’égrenait dans mon esprit, plus je m’emplissais de filfullitude.

Satisfourbu·e (adj.)
  • J’ai pas le substantif pour ce terme, je ne finirai donc pas ma journée totalement satisfourbu.

Satisfusure (n. f.)
  • Être content tous les jours de la même journée, ce n’était pas ce à quoi aspirait Léonid. Son caractère tortueux aspirait à plus de souffrance et il méprisait la satisfusure qui le prenait à la fin des journées de labeur.

Satistoufait·e (adj.)
Satistoufaction (n. f.)
  • Reposant l'aspirateur, contemplant le placard rempli de vivres, jetant un œil par la fenêtre propre sur son automobile rutilante, il sourit en soupirant, satistoufait.
  • Le petit cri plaintif mit fin au silence. Presque lointain, mais comme audible à des lieues à la ronde. C'était mon tour. Malgré une journée si remplie et tant de tâches menées à terme, je me levai promptement. Il m'apparut soudain qu'être parent, c'était renoncer à certains états, certaines sensations. Comme la satistoufaction. On reste constamment prêt à agir pour son enfant.

Mahalienne (n. f.)
  • Nous devrions apprendre à ressentir la mahalienne chaque soir. La journée est forcément emplie. Le temps vide n'existe pas. Nous avons forcément « fait le job ». Pourquoi alors rompre la mahalienne par la culpabilité et le stress?

Se vautrer dans le grand ouf (expression)
  • Après une journée de travail harassante, sans répit, sans pauses et sans la moindre indulgence pour ses petites flemmes, il put enfin se vautrer dans le grand ouf.


Un grand merci à Lola Gregori, Frank Semelet, Cédric Chapô Maurouard, Laetitia Cassard, Jacqueline Ricciardi Werlen, Mitch Morin, Kyoshiro Mibu, Guillaume Pi, Philippe Cohen, Fabrice Hagmann et Djeemee Gurtner d’avoir partagé vos inspirations et un peu de vos personnes !
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Créé par Sébastien Mettral
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