Lia Leveillé
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Novelmuttum XI

1/18/2021

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Un sentiment peu reluisant...


Ce nouveau Novelmuttum me fait une grimace. Il se marre. Il ne se moque pas, c’est juste un petit rire. Il y a presque de la bienveillance là-dedans. C’est que, pour ce nouveau défi lexical, j’avais fait le pari de proposer la définition d’un sentiment qui n’est pas vraiment avouable. Oh, bien sûr, en termes de défauts humains, il y a pire. Mais il y a incontestablement mieux aussi.

Aujourd’hui, alors que j’écris ces lignes, j’ai un petit regard désolé sur celle qui écrivait le 13 novembre 2020, lorsque j’ai proposé la définition. Le temps de récolter les réponses, d’en discuter autour de moi, d’enterrer l’année 2020, d’entrer en 2021, deux mois se sont écoulés et même si je ne suis pas vraiment devenue une autre personne, deux mois covidiens ont réussi à mater, pour le meilleur ou pour le pire, certains aspects de ma personnalité. Et ce nouveau Novelmuttum se marre. Il me taquine.

Il faut croire que j’étais dans une drôle d’humeur, ce 13 novembre 2020. Peut-être que j’avais envie de mordre un peu. Peut-être que je voulais rejeter la légèreté. Casser un peu la joliesse des sentiments décrits avec d’autres. Peut-être que je voulais égratigner ces petites choses qui nous lient et que les Novelmuttum permettent de révéler.

Alors, ce nouveau Novelmuttum me nargue. « Tu n’es pas si grinçante, l’es-tu ? » (Oui, il me nargue avec une formulation à l'anglaise).

C’est-à-dire que je n’ai plus envie d’aller là-dedans. C’est-à-dire que les autres me manquent. C’est-à-dire que ça rentre en contradiction avec mes besoins et ceux des autres. Là, maintenant, dans l’état d’esprit de cet hiver, j’ai envie de beauté, de lien et surtout de tendresse, alors que ce Novelmuttum me renvoie à l’apparat cynique, piquant et froid dont se revêt parfois mon caractère.

Au moins, le Novelmuttum XI, narquois, me permet d’ouvrir les yeux là-dessus : il y a un temps pour tout et le temps est venu de laisser mes sarcasmes de côté.
Il me montre que j’ai changé et que je ne me sens plus obligée d’être plus thorélienne que la Thorel. (comprendra qui pourra*).

Pour ce méchant « muttum », j’ai proposé aux participantes et aux participants de retrouver la vague qui frémit en nous quand on sait qu’on a raison. Juste avant que les autres l’apprennent aussi. Quand on le sait non seulement grâce à nos connaissances, mais surtout parce qu’on est la personne de référence sur un sujet et que les autres ne le savent pas encore. La notion de dévoilement est importante.

Par exemple, vous êtes l’auteur·e de ce dont il est question (une idée, une expression, un écrit, un concept...), ou vous êtes personnage de ce dont il est question (une anecdote, une rumeur, un événement), ou vous êtes proche de la personne dont il est question, ou encore, il est question de quelque chose que vous maîtrisez beaucoup mieux que les autres et vous avez le moyen de le démontrer.

Au bout de quelques mots proposés, prise de remords (virgule), j’ai ajouté une nuance plus douce à cette définition, car il me semble que le même sentiment peut survenir lors d’une remarque élogieuse. Par exemple, on loue quelque chose que vous avez dit, fait, fabriqué, créé, ou quelqu'un que vous connaissez bien. Dans ce cas-là, le sentiment est plutôt flatteur et galvanisant. Même s'il arrive que – par modestie – on ne se dévoile pas, le sentiment existe!
Toutefois, je dois admettre que l’esprit un peu revanchard de la définition originale joue un rôle important.

* Une explication peut être demandée par e-mail

Une discussion est en cours. Vous avez la clé qui va rabattre le caquet de l’autre et l'autre ne le sait « même pas !»
Le sentiment à nommer est celui qui précède le moment où vous lancez votre réplique à la figure de vos interlocuteur·trices.


Tcheckmat (n. m.)
  • J’étais dans le bureau attenant au studio, quand une femme qui y suivait un cours a débaroulé sans crier gare. Elle m’a toisé du regard et demandé sèchement :
    - Tu peux sortir? Je vais me changer.
    - Il y a un vestiaire juste à côté.
    - Non, je ne me change jamais là-bas.
    - D’accord, mais ici c’est le bureau.
    - Mes profs gèrent ces studios, tu n'as rien à faire là.

    Je marquai une pause devant son toupet (et, d’après ses dires, celui de ses profs). Une vague de tcheckmat m’envahissait. C’était à la fois galvanisant et un peu effrayant. Je me délectais de l’arrogance de son regard, qui faisait enfler encore mon tcheckmat. Plus que quelques secondes avant que je l’écrase.
    - Je suis la présidente de cette association. Vous êtes dans mon bureau.


    Oh la déconfiture de la dame!
​
Sblam (n. m.)
  • Je l’écoutais se vanter de son incroyable victoire lors du dernier rallye. Il ignorait encore que dans la voiture qui le précédait se tenait mézigues, et que je m’apprêtais à laisser s’exprimer le sblam qui montait en moi, pour raconter par le détail sa sortie de piste peu avant l’arrivée, que je pus voir juste après mon exploit.

Bimar (n. m.)
  • Elle avait tellement besoin d'être au centre de l'attention, qu'elle n'hésitait pas à prétendre avoir des connaissances qu'elle n'avait pas. Elle commençait à expliquer la signification d'un mot japonais. Je l'avais mauvaise et la laissais s'embourber, alors que le bimar me chatouillait l'esprit. Une fois sa diatribe terminée, alors que les yeux des mecs étaient remplis d'admiration, je fis jaillir mon bimar et démontai ses inventions, du haut de mon master en langue et culture nippones.

Prosoplitude (n. f.)
  • Tandis qu'il me parlait de ses études scientifiques et autres balivernes convenues, formatées et biaisées, il glissa sur le sujet des masques... La prosoplitude monta en moi et je m'en délectai. Sur ce coup-là, j'avais la preuve, de la bouche de Tal Schaller lui-même, que les trous du masque laissent passer le virus. J'attendis distraitement qu'il ait fini son verbiage avant de porter le coup fatal.

Taram (n. m.)
  • J'entendais des spectateurs parler derrière moi. L'un disait qu'il avait vu une pièce géniale il y a deux semaines. Au fur et à mesure qu'il racontait le spectacle, je me rendais compte que c'était ma pièce qu'il avait vue! Un taram m'envahissait et me réchauffait. C'est lorsqu'il dit qu'il aurait aimé poser une question à l'autrice que je n'ai plus pu retenir mon taram et que je me suis dévoilée. Je me sentais à la fois un peu gonflée, et à la fois un peu con de ne pas m'être manifestée plus tôt.

Acuraclaque (n. f.)
  • Il me demanda ce que je voulais boire, j’ai demandé la carte des shots. Je lui désignai le « Canyon spirit », me réjouissant de retrouver le goût de l’époque où je travaillais dans ce bar. Mais, au moment où je le vis verser du Baileys à la place du Whisky, je me permis de le corriger.
    - C’est avec du Whisky
    - Quoi ?
    - Le « Canyon spirit », c’est avec du Whisky.
    - Non non, c’est avec du Baileys.
    - Non, du Whisky.
    - Je travaille ici.

    Le con avait réveillé mon acuraclaque.
    - J’ai créé ce shot.
    - … Du Jack Daniel’s, ça ira ?

    - Ça ira très bien, merci.

Kakh (n. m. ; origine : hébreu)
  • J’étais obligé de m’introduire par l’entrée des artistes. Évidemment, je fus stoppé par l’ouvreuse qui devait justement surveiller cette porte. Elle ne m’avait encore jamais rencontré et ne pouvait pas savoir qui j’étais.
    - Vous ne pouvez pas entrer comme ça, Monsieur.
    - Oui, pardon. Je suis Niels Gabson, le producteur.
    - Mais oui ! Bien sûr ! Vous avez une carte d’identité ?

    Non. Je n’avais pas ma carte.
    - Allez voir sur le site de Vicprod, vous verrez ma photo.

    Elle aurait pu regarder sur le site, l’histoire se serait arrêtée là. Je n’ai pas de problème d’ego. Ça ne me fait rien qu’on ne me reconnaisse pas. J’aime justement être dans l’ombre des artistes. Tout aurait pu se terminer sans remous si elle n’avait pas réveillé le kakh. Et quand mon kakh se réveille, je deviens une personne terrible. Si seulement elle n’avait pas surenchéri :
    - Alors là, franchement ça m’étonnerait. Je connais bien Niels Gabson. Jamais il ne se serait rabaissé à passer par l’entrée des artistes.

    Mais… de quoi parlait-elle ? J’étais persuadé ne l’avoir jamais rencontrée de ma vie. Le kakh était prêt à bondir.
    - Excusez-moi, Madame, mais je ne me souviens pas de vous.
    - Évidemment ! Et si vous ne partez pas tout de suite, j’appelle la sécurité !
    - Mais je suis le producteur de ce spectacle !
    - Je suis une amie proche de Niels Gabson ! Ha ! Alors, qu’est-ce que vous pouvez répondre à ça ?

    À l’intérieur je tremblais et comme un animal, mon ego se préparait à bondir. Je ne pouvais plus le retenir très longtemps.
    - Vous allez peut-être encore me dire que vous êtes intime avec lui ?
    - Peut-être – minauda-t-elle.

    - Niels ! Niels ! On est déjà sur le plateau !

    C’était Sylvia ! Derrière l’ouvreuse, elle me faisait signe de la main. Bonté divine, nous étions sauvés ! L’ouvreuse se retourna, regarda Sylvia, me regarda, rougit jusqu’aux racines de ses cheveux.
    - Je suis vraiment désolée.

    Mais je courrai déjà rejoindre l'équipe sur le plateau. J’étais soulagé. Ce n’était pas encore aujourd’hui que ma part d’horreur allait se déverser sur quelqu’un d’autre. Mais il faudrait quand même que je prenne rendez-vous avec mon psy un de ces jours.

VagaHa (n. f.)
  • - Paraît qu’il a volé tous les droits d’auteur !
    - Mais non ?!? Il les a déclarés à son nom uniquement ?
    - Eh ouais !
    - Mais non, c’est faux.
    - Si si ! Je l’ai lu sur un site.
    - Je n’arrive pas y croire. Et toi, tu en penses quoi ?
    - Moi, je dis que ton site dit n’importe quoi.
    - Ouais, tu dis ça parce que t’adores ses films !

    C’est là que le vagaHa que je ressentais depuis le début de cette conversion se mit à bouillir.
    - Non, je le dis parce que je sais que c’est faux.
    - Ah ouais ? Genre t’étais là au moment où il remplissait les papiers peut-être ?

    C’était le moment.
    - Ouais !
    - N’importe quoi !

    Encore une petite seconde…
    ​- C’est mon père !

Un immense merci à Magali Baillif, Marou Jev, Yvan Peperoni de m’avoir absous en partageant leurs inventions, à Steven Matthews qui passait par là et aux réponses par mail !
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