Avoir l'engagement, (qu'il soit militant, social, politique, humain) joyeux et enthousiasteLa situation que nous traversons est inédite. Il ne sera possible d’en appréhender les effets qu’après qu’elle soit passée. Pourtant, de nombreuses personnes sont en train de se mobiliser pour soigner « l’après ». Pour que nous gardions de la crise le meilleur, pour que nous en profitions pour préparer un monde plus radieux – et le terme n’est pas trop fort. Pour un après plus écologique, plus solidaire, plus durable, plus équitable. Des espoirs sont en train de s’exprimer, des avis se partagent, des actions s’organisent. D’un côté, c’est enthousiasmant et galvanisant, d’un autre, c’est la porte ouverte aux affrontements verbaux (distance physique oblige) et aux replis sur soi-même. Dans la même journée, il n’est pas rare que je bascule de l’euphorie à la lassitude mais je bascule de moins en moins vers cette dernière. L’engagement heureux m’est trop précieux, de même que ma bonne humeur et, il faut le dire, elle me souffle beaucoup plus d’idées créatives que le découragement. Dans ce contexte, la proposition que m’a faite Jacqueline Ricciardi Werlen, d’un carré à l’autre (action « 4m2 ») m’a parue fort à propos. Elle m’a demandé si je pouvais proposer de trouver des mots pour définir la mobilisation joyeuse, le fait de s’engager pour une cause avec enthousiasme. Car s’il est vrai que – quelle que soit notre cause – nous soyons parfois découragé·es, fatigué·es, irrité·es, de répéter, rééxpliquer, ouvrir les yeux ou, pire, nous justifier, il arrive aussi qu’à la faveur d’une rencontre ou d’un regain d’énergie, nous trouvions un souffle léger et pétillant pour promouvoir de belles valeurs. J’essaye toujours, concernant les causes qui me tiennent le plus à cœur, de m’adapter à l’interlocuteur·ice. À y aller avec humour, ou avec pédagogie lorsque je sens que j’ai quelques connaissances de plus que l’autre. Je découvre souvent qu’en face, le blocage vient principalement de deux choses : une angoisse irrationnelle dont les fondements ne sont pas forcément en lien avec le sujet et / ou une méconnaissance doublée d’une accumulation d’informations biaisées. C’est ce qui m’aide à maintenir un échange apaisé, de voir que tout peut être détricoté et que l’on peut trouver une base de discussion, à partir du moment où l’autre ne se sent pas dénigré·e, accusé·e, ou attaqué·e. Pour le moment, je laisse de côté le bon mot vif, précis, sarcastique et piquant qui a longtemps été une sorte de marque de fabrique, pour laisser plus de place à ce point de départ-là : « On commence toujours par ne pas savoir, avant qu’on nous l’explique ». Même quand mon premier mouvement, que je réfrène est : « Mais t’es con·ne ou quoi ? » C’est pas évident, mais au moins, je sens que ça provoque moins de tourbillons néfastes en moi. Alors, l’engagement joyeux est-il possible ? Comment pourrait-on le nommer pour continuer à l’appeler de nos vœux et l’ancrer en nous ? C’est la question que j’ai posée sur les réseaux sociaux, voici les réponses : Novelmuttum VDéfinition proposée : "Avoir l'engagement, (qu'il soit militant, social, politique, humain) joyeux et enthousiaste" Une fois n’est pas coutume, nous avons un contraire à proposer :
· Pesticlamer
· Pepsiter
· Optimiliter
· Propajolir
· Embellispitonner
· Engagitailler (verbe réflexif)
· Allégragir
· Manifestoyer
· Yallaquer
Encore une fois un immense merci à celles et ceux qui ont inspiré la plupart de ces mots et leurs exemples, et plus particulièrement à Jacqueline Ricciardi Werlen, qui a donné l’idée de la définition, à Cédric Chapô Maurouard, Poutre Elle, Julie Despriet, Magali Baillif et Marou Jev ! Et merci aussi à Lionel Perrinjaquet, avec lequel on discute souvent de nos moyens d’échanger avec les autres, et qui alimente beaucoup mes réflexions.
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À quoi ça blogue?Quand ça passe par ma tête et que ça persiste assez pour être transmis à la main. Catégories
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