Lia Leveillé
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Novelmuttum II

4/30/2020

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Mélange de sensations que l'on ressent lorsqu'on retrouve un lieu après une longue absence.


En pleine réflexion sur le défi d’inventer de nouveaux mots qui expriment des expériences spécifiques, ma plus grande oppositionnaire – qui se trouve être moi-même – m’a fait la remarque qu’inventer ces mots coupe l’herbe sous les pieds de la poésie (elle ricana d’ailleurs avec satisfaction du double-sens exprimé par l’expression « pieds de la poésie ») car celle-ci a justement pour vocation d’exprimer l’inexprimable. Elle regretta que je mette un terme, avec ces mots emprisonnant des nuances subtiles de la vie, aux belles circonvolutions et aux infinies possibilités que les auteur·trices mettent par écrit pour le plus grand plaisir des lecteur·trices. Un peu vexée – sans doute parce que sensible à cet argument – je lui rétorquai : « Penses-tu vraiment qu’ajouter de nouveaux mots puisse être un frein à la créativité ? Nous enrichissons un corpus et permettons d’ouvrir des perspectives, comme si nous ajoutions des marches à l’escalier de la pensée. » « Sans compter – dit une autre voix qui, certains jours, me soutien – que le fait de rechercher et de publier des définitions, de permettre à d’autres de participer à cette recherche, nous permet de palabrer sur des sujets qui sont rarement abordés et souvent vécus en secret. » Là-dessus, l’oppositionnaire réagit à nouveau, juste pour le principe de contredire et nous fit remarquer que « palabre » était un bien joli mot, bien plus joli que « Novelmuttum », qu’elle n’avait, au fond, jamais apprécié. Ce à quoi ma linifiante troisième voix – qui décidément aujourd’hui était de bonne humeur – répondit calmement qu’un titre, ça se modifie et qu’il faut éviter de se construire un blocage en se disant que « c’est trop tard, maintenant c’est comme ça, que veux-tu que j’y fasse ». J’approuvai, apaisée. Au fond, qu’est-ce que ce projet dans cet univers et en quoi un éventuel changement de son titre pourrait-il poser problème ? Ce n’est qu’un jeu. Et s’il devait prendre de l’ampleur, nous réglerions les problèmes au moment où ils existeront. Et, tiens, on en profitera pour les baptiser !

Novelmuttum II
Définition : « Mélange de sensations que l'on ressent lorsqu'on retrouve un lieu après une longue absence. »
Exemple : "Après trois semaines de vacances, j'ai ressenti un repaysement de mon appart pendant quelques jours."

À ne pas confondre avec le verbe « proustadeleiner » qui exprime une réminiscence stimulée par un facteur sensoriel délié de l’émotion qu’un lieu peut susciter une fois qu’on s’y trouve.

Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé ; les formes — et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot — s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.​

                                                                                           Marcel Proust, Du côté de chez Swann, 1913

· Nostalbeback (n. m.)
  • Je n'avais pas mis les pieds au Collège De Saussure depuis des années quand j'y suis revenu pour jouer une scolaire d'Histoire du Soldat. J'ai nostalbebacké de ouf.
  • J'adore ressentir le nostalbeback. Il m'arrive de me priver d'aller dans le parc de mon enfance assez longtemps pour nostalbebacker un petit coup.
  • J'ai peur de perdre le nostalbeback en allant trop souvent chez mes parents.
  • Les promoteurs m'ont volé mon nostalbeback en construisant un centre commercial dans la rue où j'ai grandi.
  • Les nostalbeback-addicts sont toujours en quête d'un nouveau lieu auquel s'attacher pour ensuite s'en détacher et pouvoir ainsi nostabebacker de manière répétitive, voire compulsive. Ce sont des personnes très solitaires.

· Dichophrénie chronomnésique subjective empathique (n. f. ; Méd.)
  • Devant le lieu de son enfance, l'esprit à la fois ici et ailleurs, revivant les sensations du passé, tout en caressant du doigt le bois sombre de cette commode empoussiérée, il savoura brièvement sa dichophrénie chronomnésique subjective empathique.

· Tropesthésie (n. f.)
  • Jacques-Albert fut submergé de tropesthésie en entrant dans le vestiaire des cours de danse de son enfance. Il espérait que la tropesthésie s’évaporera rapidement et ne l’empêchera pas de diriger fermement le corps de ballet.

· Appartendresse (n. f. ; verbe : Appartendrir)
  • Entre ces 4 murs, je m'appartendris en me remémorant tous les moments que j'y avais passé.
  • Quand je rends visite à mes parents, dans l'endroit où j'ai grandi, je suis souvent prise d'appartendresse.
  • Même en la cherchant au plus profond de moi, je ne ressens pas d'appartendresse quand je passe les portes du cabinet de ma doctoresse.

· Pasturotte (n. f.)
  • Je rentrais dans le parc de mon enfance et lorsque j’ai vu mes enfants jouer avec les jeux qui vaillamment avaient traversé les années et les intempéries, j’ai ressenti une petite pasturotte.
  • Je fus emplis d’une douce pasturotte qui me rappela Clémence. Ah ! Clémence et son amour des pommes ! Il me semblait que dans l’air flottaient encore, suspendues, les douces effluves de ses tartes.

· Domarootine (n. f.)
  • Il fallait que je lutte contre la domarootine qui s’accrocha à moi quelques jours après que je sois rentrée. Il fallait que je me fasse à l’idée : sans Aaron, rien ne sera plus comme avant.

· Lieustalgie (n. f.)
  • La lieustalgie m’a pris lorsque je suis retourné au centre sportif des Vernets. Cela faisait 17 ans que j’y avais pris mon dernier cours de badminton.

· Mélancortournite (n. f.)
  • Je ne viendrai pas ce noël, mamie. Je ne supporte plus la mélancortournite, elle me coupe l’appétit ! Ou alors, on l’organise chez quelqu’un d’autre !

· Famiéttrangeté (n. f.)
  • Ce qui est perturbant, avec la famiéttrangeté, c’est que tout est presque pareil mais tout a bougé. Surtout moi.

· Olfalgie (n. f. ; méd.)
  • La doctoresse Similacci rassura la famille en expliquant que Pascale traversait une période où l’olfagie la rendait agressive. Elle suggéra donc d’éviter, pour les vacances, tout lieu qui pourrait lui provoquer une crise.

· Bonhercail (n. m.)
  • Elle resta un quart d’heure devant la porte de son immeuble. Trois ans. Trois ans qu’elle était partie en mission humanitaire. Trois ans que, dans les moments les plus difficiles, elle s’imaginait l’instant reviendrait. Elle ne voulait rien précipiter et ressentir chaque palier du crescendo entamé par le bonhercail, qui avait commencé à la faire frémir dès le moment où elle avait posé le pied sur le sol genevois.

· Nostaljoivenir (verbe)
  • - Non, Anatole, je ne nostaljoiviens pas du tout ! C’EST UN CIMETIÈRE, BON SANG !!!!


Un grand merci à toutes les personnes qui ont participé à ce deuxième novelmuttum! Et particulièrement à Lionel Perrinjaquet, Yvan Peperoni, Carole Schafroth, Alexis Baudin, Marou Jev, Julie Despriet, Sabine Carron, Mélissa Pelz, Frank Semelet et Cedric Annen!
​
Et merci à toutes les autres personnes, qui ont été très inspirantes, tant dans leurs propositions que dans les discussions que cela a suscité!
Vivement le troisième défi!
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